dimanche 28 novembre 2010

Mon pense-bête littéraire....


Même plus jeune, j'ai toujours eu de grandes difficultés à retenir les noms et parfois même les visages des personnes que je ne voyais pas régulièrement ou qui ne m'avaient pas "frappée" d'une manière particulière...

C'est, je suppose, dû à la mémoire sélective qui nous permet d'aller à l'essentiel dans une vie bien remplie où l'on doit mener plusieurs activités de front et où le temps semble s'accélérer sans cesse....

Cet inconvénient (qui peut parfois aussi être un avantage, dans certaines circonstances.....) m'a toujours obligée, notamment dans mon activité professionnelle, à faire des plans de classe très détaillés, à mettre des étiquettes à chacun, ou à utiliser des moyens mnémotechniques afin de retenir l'identité de mes élèves le plus rapidement possible, et parfois à utiliser "des ruses de sioux" pour ne pas vexer certaines personnes très susceptibles qui ne pouvaient admettre qu'on puisse oublier leur nom!

Maintenant, en ayant "pris de la bouteille" je n'hésite plus à préciser que j'ai la mémoire qui "flanche" parfois et je n'ai plus honte de prendre des notes plus fréquemment encore, afin de me souvenir de tous et de tout ce qui fait ma vie! De cette manière, je peux me permettre de ne pas chanter trop souvent "Le tourbillon de la vie" chanson, tellement juste et si bien interprétée par la grande jeanne Moreau...

Comme la lecture est une des mes passions, et que je me suis aperçue, lisant beaucoup et parfois trop vite que j'avais tendance à oublier les titres et les auteurs de certains ouvrages, j'ai décidé de faire régulièrement ce travail de mémoire et de vous faire partager (ou non) les titres, un bref résumé et mon appréciation sur les livres lus récemment.
Vade retro Alzeihmer........

"L'entreprise des Indes" d'Erik ORSENNA.

Roman historique, dans lequel l'auteur parle de la découverte de l'Amérique et de la vie de Christophe Colomb racontée par son frère.Très agréable , facile à lire et très intéressant pour ceux qui aiment l'histoire et les récits concernant la vie d'hommes ou de femmes de passion.

"Labyrinthe" de Kate MOSSE.

Thriller "ésotérique" se déroulant principalement à Carcassonne et mêlant des faits historiques réels , l'histoire des Cathares et de la croisade menée contre eux au XIIIème siècle, à une enquête "historico-policière" faite par une jeune archéologue anglaise pour retouver des documents restés secrets pendant des siècles et faisant des révélations sur cette sombre période de l'histoire du Sud de la France.
Kate Mosse, écrivaine anglaise contemporaine, a reçu pour ce roman un prix au British Book Awards et est très agréable à lire.

"100 expressions à sauver" de Bernard PIVOT.

Petit ouvrage très amusant nous rappelant de nombreuses expressions françaises qui parfois tombent en désuétude et dont Pivot nous explique l'origine , le sens et les raisons de les maintenir vivantes avec toute la verve qui fait son charme.

"Un diamant brut" de Yvette SZCZUPAK-THOMAS.

Livre de mémoires d'une jeune orpheline adoptée, après une enfance passée de façon misérable dans différents foyers, adoptée finalement en 1942 par un couple d'intellectuels parisiens qui vont lui faire connaître de grands artistes de l'époque, tels que Picasso, Braque, Bataille, Paul Eluard....
Récit passionnant écrit dans une langue très vivante et "réinventée" qui joue avec les mots: un style très "visuel" qui en quelques mots ou phrases nous transporte dans les lieux et l'action...

"Le crépuscule d'une idole" de Michel ONFRAY.

Ouvrage rébarbatif et difficile à lire, (je n'ai d'ailleurs pas pu le terminer!) qui , à mon avis aurait pu compter une petite centaine de pages , au lieu de 600, et qui consiste en une diatribe contre Freud et son travail et est en fait une entreprise de démolition pure et simple.
Je ne suis pas une inconditionnelle de la doctrine freudienne, loin de là; mais, avec ce livre l'auteur, philosophe qui semble n'avoir que des certitudes (alors qu'à mon humble avis, la philosophie, c'est d'abord le doute, puis un essai d'explication de la vie) entreprend, sans vraiment étayer ses dires, de démolir complètement l'homme Freud et sa doctrine.
Bref, vous aurez compris que cet essai ne m'a vraiment pas emballée.....

"L e transfert des cendres" de Fawzi MELLAH.

En cours de lecture, je n'ai pas encore terminé, ce roman. Mais les débuts sont prometteurs pour l'amatrice de romans historiques que je suis.
L'auteur, juriste et politologue tunisien , rend hommage aux moines de Sainte Catherine au Sinaï et nous emmène dans une intrigue mêlant religion, passion, intérêt, orgueil et vanité.: le vol d'un manuscrit de la bible appartenant à ces moines et qui voudraient le récupérer.
Et c'est un écrivain, musulman sunnite, qui nous livre cette histoire souvent oubliée de la religion chrétienne: bel exemple de tolérance et de compréhension entre les religions et qui devraient faire réfléchir certains....

Voilà, suite au prochain numéro, comme il est dit dans les feuilletons.....

samedi 20 novembre 2010

Liège: ma ville, mes racines.





Depuis un long moment, me trotte dans la tête et dans le cœur, l'envie de parler de ma ville natale, et de faire partager , peut-être, à ceux qui ne la connaissent pas l'envie de la visiter.

Mais c'est principalement, la nostalgie d'une expatriée (même volontaire) qui me pousse à vouloir écrire une chronique sur la "courte" partie de ma vie que j'y ai passée, par rapport à celle que je vis depuis plus de 40 ans dans ma ville d'adoption.

Cette chronique sera donc, avant tout, des souvenirs et des émotions ressenties, chaque fois que j'y retourne et une manière de me rappeler et de rappeler à ceux que j'aime, ou qui me liront un jour, ce qu'elle représente pour moi.

En premier lieu, afin de vous aider à visualiser mentalement la ville , je vais citer le début d'un livre écrit par une native de Liège (Vera Feyder) , y ayant passé son enfance, puis partie vivre à Paris (petit livre où j'ai retrouvé le ressenti, les sensations et les émotions que moi-même j'y ai connus).

Fluviale et épiscopale, la ville basse a toujours offert à la haute l'éventail bleuté de son panorama mosan que brumes et fumées n'ont jamais réussi à noyer sans qu'émergent, par tous les temps, les flèches, les tours, les clochers de ce qui fit de Liège, à l'orée du premier millénaire, un des hauts lieux du clergé européen.


Liège, en wallon, Lîdje, est une ville très ancienne (elle fut longtemps un principauté puissante dirigée par un prince-évêque dont le palais est devenu l'actuel palais de justice), construite au fond d'un cuvette formée par le confluent de la Meuse et de l'Ourthe et entourées de toutes parts de collines souvent abruptes, situation qui va influencer son histoire et la manière d'y vivre.

Comme, je ne compte pas faire ici une chronique historique , je vais vous parler maintenant de mes souvenirs et des endroits où j'ai vécu.

Je suis née, rue de Campine (dont le nom vient de la grande plaine sablonneuse qui s'étend sur les provinces d'Anvers et du Limbourg), rue très pentue, datant des environs de 1870, et qui mène du centre ville à la montagne Sainte Walburge.
Pour la petite histoire; je suis , paraît-il, née un dimanche de match de football de l'équipe préférée de notre médecin de famille (oncle de mon père!). De ce fait, fervent supporter de cette équipe , étant parti au stade et injoignable (à cette époque, pas de téléphone portable!) mon père se retrouva seul avec sa belle-mère complètement affolée pour aider maman à accoucher dans la cuisine. Cet épisode traumatisant mais qui s'est finalement bien terminé lui a toujours laissé des souvenirs impérissables et un grand ressentiment envers son oncle.......

Et qui sait, peut-être est-ce la raison pour laquelle je n'aime pas trop les dimanches et je déteste le football!

Je n'ai moi aucun souvenir de cette maison. Mes parents ont déménagé quelques années après ma naissance pour aller habiter un appartement plus spacieux dans la maison des tantes de mon père (deux vieilles filles, sœurs du fameux oncle Maurice, le médecin qui avait abandonné mon père dans l'épreuve de l'accouchement de son premier enfant.....) . En effet, ma sœur allait nâitre et l'appartement de la rue de Campine était trop petit, surtout que ma grand-mère maternelle, veuve de la première guerre mondiale, vivait encore avec mes parents à cette époque.
J'avais 3 ans.

Cette maison se situait rue des Houblonnières, dans le quartier de Fétinne, pas loin du parc de la Boverie situé entre la Meuse et sa dérivation.
Le nom de cette rue (les Houblonnières,) rappelle la destination antérieure du quartier qui vécut de nombreuses années de la culture du houblon. Cette rue fut crée au XIXème siècle pour relier la rue de Fétinne à la rue des Vennes.

J'ai gardé des souvenirs très vivaces des années passées dans cette maison.
Je passais de l'appartement de mes parents à celui de mes tantes très régulièrement, maman était très occupée par son deuxième bébé.

Je me rappelle des sorties régulières avec tante Mariette, directrice d'école, qui m'emmenait régulièrement au jardin d'Acclimatation ou parc de la Boverie où eut lieu l'exposition universelle de 1905.
J'adorais la roseraie, tous les jardiniers me connaissaient et m'offraient régulièrement une rose. De ces lointains souvenirs, vient peut-être mon amour des plantes et du jardinage... Qui sait?
Je me souviens aussi de l'enclos des daims,du petit écureuil baptisé "Gamin" et qui venait me manger dans la main lorsque je l'appelais, du magnifique paon de l'enclos situé près du Mosan, salon de thé du parc, situé le long de la Meuse et d'où l'on voyait défiler à un rythme soutenu les péniches sur le fleuve.....
Moins bon souvenir, celui-là: l'apprentissage de l'écriture avec tante Mariette, à coup de règle sur les doigts, car j'étais gauchère, et il fallait écrire à la main droite!!!

Puis, je suis entrée à l'école maternelle de la rue des Vergers et c'est là que j'ai connu "mon permier amour": il s'appelait Coco Mévisse et nous promenions dans le jardin interdit du milieu de la cour de récréation, la main dans la main..... et nous faisions régulièrement punir pour notre désobéissance!

Puis, la situation financière de mes parents s'est améliorée et ils ont pu racheter une "maison de maître" ayant appartenu au grand-père de papa, Avenue de l'Observatoire.
Le déménagement de la rue des Houblonnières à l'Avenue, se fit juste avant mon entrée à l'école primaire.

L'avenue de l'Observatoire, ainsi appelée à cause de l'établissement scientifique situé sur le plateau de Cointe où elle menait, était située dans un quartier résidentiel.
La maison était grande, spacieuse et confortable avec un jardin où j'ai beaucoup joué , une grande chambre au deuxième étage de la maison, donnant sur la rue, toujours très animée par le passage des trolleybus montant à Cointe, et les trains venant de la gare des Guillemins et traversant le pont métallique du bas de l'avenue dans un bruit d'enfer, car, ils montaient la côte d'Ans assez raide en quittant la gare... Et n'oublions pas que, vu mon âge qui commence à devenir "canonique", quand je suis arrivée dans cette maison, les locomotives étaient encore à vapeur!

La plus grande partie de mon existence à Liège s'est déroulée là.

Je suis allée à l'école primaire du Boulevard d'Avroy, aménagé sur un ancien bras de la Meuse, et qui relie la rue Saint Gilles à la rue des Guillemins.
Cette école existe toujours et est située juste à côté de la grande loge maçonnique datant de 1775. L'immense porte en bronze, décorée de motifs égyptiens et pharaoniques nous intriguaient beaucoup, et de drôles d'histoires, un peu effrayantes circulaient sur ce qui se passait à l'intérieur de cette antre mystérieux.... De sorte que les rares fois où elle s'ouvrait et où l'on pouvait voir un long couloir menant à la loge, c'est à peine, si nous osions regarder, tellement "les petites filles modèles" que nous étions censées être étaient effrayées!
J'ai passé tout mon cycle primaire dans cette école, puis pour le secondaire, je suis allée, un peu plus loin sur ce même boulevard au Lycée Léonie de Waha: le lycée le plus réputé pour les jeunes filles (à l'époque, les écoles n'étaient pas mixtes).
Le lycée avait été construit sur l'emplacement de l'ancienne verrerie d'Avroy aux environs de 1900.

J'y suivais les cours des humanités gréco-latines, filière qui n'existe plus aujourd'hui, formation qui m'a donné le goût de la langue de la littérature et peut-être aussi de l'écriture.

C'est là que j'ai connu,dans les dernières années de lycée, mes premiers émois amoureux, les petits copains qui nous attendaient , mes amies et moi, à la sortie du lycée, en cachette des parents et des professeurs: on ne badinait pas avec "la bienséance"!

Il y avait ceux qui faisaient batte notre cœur d'adolescente (venant souvent de l'Athénée de la rue des Clarisses, ou du collège Saint-Servais (que fréquentent maintenant mes petits-fils: l'histoire est un éternel recommencement!), et puis celui que je fuyais comme la peste, Jean-Michel, le petit roux habitant juste en face de chez nous et me harcelant, se cachant derrière les arbres du boulevard à la sorte du lycée, car il savait que je ne le supportais pas, puis surgissant, brusquement à mon passage......
Que de souvenirs qui m'émeuvent et me font rire aujourd'hui!

Ma dernière année de Lycée, j'ai rencontré celui qui allait devenir mon mari et le père de mes enfants. Et j'en suis tombée follement amoureuse!
Comme il était tunisien, autant vous dire que mes parents, petits bourgeois à l'esprit bien-pensant et souvent un peu étroit, n'ont pas accueilli cette liaison avec beaucoup de joie, bien au contraire. Le fruit défendu, c'est bien connu a toujours plus de charme que d'autres, donc
ce fut le temps des rencontres en cachette, dans les petits cafés du "Carré" pendant certaines heures "d'école buissonnière",

Un petit mot sur le quartier du "Carré" centre de la ville, appelé ainsi car délimité par quatre rues, et lieu privilégié de la vie estudiantine et festive de la ville: cinémas, cafés, boîtes de nuits, magasins: l'endroit où l'on s'amuse et où il fallait être vu, et même encore maintenant d'ailleurs.

Le lycée terminé, j'ai fait mes études supérieures à l'école des Hautes Études, rue Sohet dans le quartier des Guillemins ,.Pas vraiment par goût (mes parents m'ayant empêchée de faire les études qui me plaisaient le plus (horticulture ou histoire de l'art et archéologie) pour d'obscures raisons pas vraiment fondées..... mais tout simplement parce que Mahmoud y était inscrit!
Je n'ai pourtant jamais aimé le commerce, mais que ne fait-on pas par amour!
Et ce sera là que se termine ma vie dans ma ville. Car, très vite je vais me marier et suivre mon mari à Tunis.

Mais mes racines restent profondément ancrées dans ma vile natale, et j'éprouve un besoin presque physique d'y retourner chaque année et de plus en plus, en prenant de l'âge.

Et, ironie du sort, après avoir quitté le quartier de Fétinne, très jeune, c'est là que je retourne maintenant chaque année.....
Après la mort de Maman (encore trop jeune malheureusement) mon père a revendu la maison de l'Avenue de l'Observatoire pour acheter un appartement Quai Mativa, dans le quartier de ma petite enfance. les Vennes!
Ce quai se situe le long de la dérivation de la Meuse face au parc de la Boverie , où j'ai passé tant de bons moments...
Ma sœur a acheté un appartement sur le même quai, et une fois Papa décédé lui aussi, c'est mon fils qui l'occupe et mes petits-enfants ont sous les yeux la vue arborée du parc ou leur grnad-mère a passé une partie de ses jeunes années.

C'est donc toujours avec une grande joie et beaucoup d'émotions que je retrouve ces endroits tant aimés, lors de mes séjours en Belgique.

Au fil des années, bien des choses ont changé dans ma ville bien sûr (pas toujours en bien d'ailleurs) mais j'ai l'impression chaque fois que j'y reviens de ne l'avoir jamais quittée et d'y retrouver les traces de mes pas lorsque je l'arpentais dans mon enfance et ma jeunesse.

Je m'y "repromène" avec un plaisir toujours renouvelé, surtout le long des quais de la Meuse, car pour moi, une ville traversée par un grand fleuve a une âme que d'autres n'ont pas.
Le va- et- vient des péniches, le clapotis de l'eau contre les berges, les reflets du soleil sur les vaguelettes qui l'agitent, tout cela donne de la vie à la ville.
Et comme de plus, elle contient un patrimoine artistique très important et remis en valeur dans bien des endroits laissés à l'abandon puis enfin restaurés et réhabilités , que de découvertes je fais encore!
Car quand, j'y vivais, j'étais jeune, je n'avais ni le temps ni l'envie d'y flâner, et je la connaissais très mal finalement, puisque c'était, maison, études, maison (presque métro, boulot, dodo!).

Et lorsque l'on se trouve en haut des collines entourant la ville, quel panorama grandiose !
Vous l'aurez compris, je crois, j'aime Liège et je pourrais en parler encore longtemps.....



NB: je tiens à préciser que les renseignement assez précis sur certaines rues de Liège, je les ai trouvés dans l'œuvre de Théodore Gobert "Liège à travers les âges" (11 volumes).