jeudi 27 janvier 2011

Belgique, Tunisie: mes deux pays.





Comme le chantait Joséphine Baker, je peux dire, moi aussi que j'ai deux amours: mon pays natal, la Belgique et mon pays d'adoption (et celui où j'ai vécu le plus longtemps....) , la Tunisie.

Et bizarrement, la même année, soit 2010, tous les deux sont agités de soubresauts politiques qui changent complètement la vie de ces nations

Bien sûr, il y a de grosses différences entre les deux événements.

Pour la Tunisie, écrasée depuis des années sous une dictature policière contraignante et cruelle et un pillage de sa richesse économique par une famille mafieuse et sans retenue, la brusque révolte (mais qui couvait depuis longtemps chez des jeunes sans avenir et désespérés d'être des laissés pour compte de la société) les a délivrés d'un dictateur et d'une chape de plomb qui les empêchaient de parler et de vivre.
Et, si, comme dans toute révolution, le prix à payer a parfois été très lourd pour certains et a entrainé des dommages collatéraux (destructions et pillages et autres dérives), le résultat est heureux et porteur d'espoir d'un avenir meilleur: démocratie, droit à la parole, pluralisme, redistribution des richesses, etc....)
Il va falloir "de la patience, du travail, du sang et des larmes" (selon la formule de Winston Churchill lors de la guerre 40/45) pour reconstruire , avancer et retrouver sa dignité.
Mais, le jeunesse tunisienne et la classe moyenne de ce petit pays sont suffisamment matures, instruits et courageux pour y arriver.
En tout cas, je veux leur faire confiance et le croire.....

Par contre, pour mon pays natal, la Belgique auquel je reste très attachée et dans lequel plongent mes racines, je suis malheureusement beaucoup moins optimiste...

En effet, depuis le mois de juin 2010, date des élections législatives organisées après la chute du gouvernement à cause principalement de questions linguistiques et de la pléthore de partis qui ne veulent faire aucune concession, le pays détient le "triste et ridicule" record (plus de 7 mois) de nation sans gouvernement légitime et qui fonctionne tant bien que mal au gré de discussions stériles et sans issue...... (et plutôt plus mal que bien!!!)

On parle de régionalisation, de scission, on coupe les cheveux en quatre, on paie un nombre incalculable de ministres et de parlementaires qui "se bouffent le nez" à longueur de journée, qui n'avancent pas d'un pas, mais au contraire reculent, aucun ne voulant faire de concessions.

Le peuple, les travailleurs, bref à peu près tous les Belges ont à pâtir d'une manière ou d'une autre de cette situation qui s'ajoute à la crise économique mondiale....
Je ne parle pas ici des nantis et autres grosses fortunes qui continuent à s'enrichir sur le dos des autres....

De plus, la Belgique devient la risée des autres pays qui ont de plus en plus de mal à comprendre la situation! Et, nous-mêmes les Belges avons beaucoup de mal à nous y retrouver dans cet imbroglio et à expliquer!

Mais, la majorité ne veut pas d'une séparation du Nord (néerlandophone) et du Sud (francophone) : ce que le peuple veut, c'est une Belgique unie qui avance, progresse et redevienne ce qu'elle fut après la deuxième guerre mondiale: une des pays européeens leader dans les domaines industriel, économique et social.
Bref, un petit pays par la superficie mais grand par sa manière de vivre, soit un pays trilingue mais qui savait pratiquer l'art du compromis entre les différentes communautés, et qui semble avoir égaré la recette!!

Voilà, je m'arrête là mais il fallait que je parle et que je mette par écrit ce que je vis dans l'exaspération du côté belge, et l'anxiété mais aussi l'espoir du côté tunisien.

Être à cheval entre deux pays, deux cultures, deux familles est à la fois source d'enrichissements mais aussi d'angoisses et d'interrogations.....