dimanche 13 mai 2012

Les mémoires d'un arbre.

Vu mon grand âge (je ne m'en souviens même plus exactement), je voudrais, avant ma fin que je souhaite la plus tardive possible, me remémorer quelques souvenirs de ma longue vie.
Mon nom: Schinus molle, mais on me connaît  beaucoup mieux sous le nom de "faux poivrier". Je suis originaire d'Amérique du Sud, mais,  il y a des siècles je fus ramené en Europe  et je retrouvais un terroir de prédilection dans les régions méditerranéennes où je prospère toujours.

Ma vie a commencé à l'époque de la colonisation française dans une banlieue tranquille de Tunis. A l'époque, les vignes y abondaient  et  quelques colons s'y étaient installés, la terre et le relief de Mégrine-Coteaux convenant particulièrement à de vastes exploitations vinicoles.
 Je fus planté dans ce qui était alors le parc du château  appartenant  au comte de Foix, époux de la célèbre actrice Elvire Popesco. Le comte, après son arrivée dans le pays, avait fait construire  sa demeure dans le style arabo-musulman sur une colline boisée offrant une vue allant jusqu'à l'autre côté de la baie de Tunis vers Sidi Bou SaÏd et la Marsa. En ce temps-là, aucune construction ne venait gâcher la vue de ce très beau panorama : au pied du château, les vignes , le lac de Tunis et la mer.

Moi, je me trouvais à l'arrière du château dans le grand parc et mes voisins directs étaient de majestueux palmiers, des mimosas, des lauriers roses, des jasmins et des bougainvillées aux tons éclatants.
J'ai mené une vie tranquille, offrant mon ombre aux habitants du château pendant les chaudes journées de l'été tunisien. L'activité des hommes à cette époque était rythmée principalement par la culture des vignes, les vendanges et de la vinification. Je coulais des jours paisibles.

Au fil des années, la situation du pays évoluant au fil des changements de régime et de l'agitation politique, mon propriétaire a quitté le pays, le château fut plus ou moins laissé à l'abandon, le parc morcelé et les parcelles vendues afin d'urbaniser cette banlieue après l'abandon de la culture des vignes.
J'ai craint, un moment d'être abattu et de finir en bois de chauffage car la spéculation immobilière allait grandissant.
Heureusement, le terrain où je grandissais fut acheté par une famille qui privilégiait la nature et la flore à la pierre. Elle fit construire une petite maison, laissant un maximum de superficie au jardin et me permit d'ombrager sa terrasse de façade.

Mon nouveau propriétaire agença son jardin en y plantant, en plus des nombreux autres arbres qu'il a eu la sagesse de garder, quelques orangers, citronniers et mandariniers dont les fleurs embaumaient au printemps.
Moi, du fait mon ancienneté, je dominais tous ces nouveaux venus . Grâce à ma ramure imposante, je suis devenu le lieu de prédilection des occupants de la maison qui venaient paresser ou se rafraîchir à l'ombre de mes branches. J'ai ainsi pu surprendre, grâce à leurs conversations passionnées parfois, une partie de l'histoire du pays, des espoirs, des joies ou des malheurs de ceux qui l'habitaient.
J'ai ainsi vu les amours naissantes de la fille de la maison, qui sur le banc installé sous mon tronc, faisait avec son fiancé des projets de vie commune. J'ai assisté aux angoisses de ces Français, installés en Tunisie depuis tant d'années et pour qui ce pays était devenu leur patrie, à l'approche de la fin de la colonisation et de l'indépendance. Ils redoutaient une perte de leurs privilèges et un éventuel retour en France.  Quitter ce pays où ils avaient fait leur vie et qui pour certains y étaient nés étaient pour eux un crève-cœur. Et pourtant, ce jour arriva. Ils vendirent la maison qu'ils avaient construite pour une bouchée de pain à des Tunisiens qui, enfin après tant d'années de sujétion à la France, prenaient enfin vraiment et librement possession de leur pays.

Que de changements en quelques années, mais moi, j'étais toujours là, solidement enraciné dans cette terre devenue mienne. Les hommes passaient, s'agitaient, se battaient parfois (avant l'indépendance, il y eut la sombre période de la seconde guerre mondiale), la vie changeait, la banlieue paisible se peuplait, s'industrialisait même perdant ainsi une part de son charme mais je restais.

Mon jardin se transforma de nouveau selon les goûts de son nouvel occupant mais , heureusement ne perdit rien de sa superficie!
Une trentaine d'années passa .... Le modernisme s'accentuait, les constructions se multipliaient dans tout le quartier. Plusieurs de mes congénères furent abattus afin de laisser plus d'espace à la pierre! De nouveau, je craignis de subir le même sort. Car, une fois encore, mon domaine allait changer de propriétaire!

Je devais être né sous une bonne étoile. Car mes craintes s'apaisèrent quand une jeune couple tomba sous le charme de la maison et surtout du jardin.
J'étais sauvé! J'ai vu les enfants de ma "nouvelle famille" grandir et eux aussi sont venus jouer sous mon ombre...Leur mère s'occupait, et s'occupe toujours avec passion, du jardin y plantant de plus en plus de fleurs et si j'ai connu quelques moments douloureux du fait d'un voisin que je gênais et qui n' a pas hésité à mutiler ma plus grosse branche, j'ai tenu bon.
Mon tronc se creuse, je suis devenu un très vieil arbre qui par ma taille domine  le quartier mais je compte bien offrir encore longtemps le chant du vent dans mes branches et mon ombre à ceux qui m'apprécient.

 Je pourrais encore écrire des pages entières, entrer dans le détail des vies de tous ceux que j'ai vu défiler sous mes branches. Peut-être un jour.....

                                       

lundi 30 avril 2012

Printemps des artisans de Mégrine

Hier, 29 avril 2012, l'AMIS (Association de Mégrine pour la Sauvegarde et l’Innovation) organisait pour la première fois une foire destinée à faire connaître des artisans de cette banlieue.

Belle réussite pour une première!
Les membres de cette association (tous bénévoles) ,ayant pour but de dynamiser sa banlieue et de rapprocher les habitants, ont avec beaucoup d'enthousiasme organiser cette manifestation à la salle des fêtes de Mégrine. De nombreux artisans de spécialités très diversifiées ont accepté l'invitation de l'association et dès, samedi après-midi sont venus installer leur production dans la salle: peintures, poteries, linge de maison, bijoux fantaisie,tableaux décoratifs, coffrets en bois décorés, épices maison, pâtisserie traditionnelle....bref un échantillon très varié de productions artisanales.
Grâce à la publicité organisée par l'AMIS (flyers distribués par des volontaires dans les lieux les plus fréquentés de Mégrine et mis dans les boîtes aux lettres, banderoles accrochées dans les points stratégiques de la localité, affiches placées dans plusieurs commerces et évidemment" le sacro-saint bouche à oreille"), la manifestation a attiré beaucoup de monde et s'est déroulée dans une ambiance festive.
Bravo aux membres de l'association, dont certains se sont investis depuis plusieurs semaines et avec beaucoup d'efficacité, dans l'organisation  de cette journée.

L'AMIS a pour but principal de redonner vie à cette banlieue de Tunis et de rapprocher les anciens habitants aux très nombreux nouveaux résidents qui ,depuis une vingtaine d'années , sont venus s'y établir après le "boom" immobilier de ces dernières décennies.
L'association s'investit dans plusieurs domaines: manifestations culturelles et festives, campagnes de propreté avec des nettoyages réguliers par des volontaires de certains lieux de la localité, défense des spécificités architecturales de Mégrine et valorisation ou réhabilitation d'endroits typiques du quartier de Mégrine-Coteaux, notamment des escaliers centenaires reliant certaines rues de différents niveaux et qui ont beaucoup soufferts de leur abandon et pour certains de la malveillance de  riverains.
L'AMIS se mobilise et se bat pour sauvegarder ce caractère pittoresque et assez rare de Mégrine.

Bravo donc à ces volontaires qui luttent et travaillent pour une plus grande solidarité entre les habitants.

lundi 23 avril 2012

Livres: coups de coeur !

Mes coups de cœur de ces deux derniers mois de lecture .

Le Maltais de Bab El Khadra de Claude Rizzo.

Quelques mots sur l'auteur que j'ai découvert à la faveur de cette lecture. Claude Rizzo est né à Tunis, dans le quartier populaire de Bab El Khadra en 1943. Sa famille, d'origine maltaise, était installée en Tunisie depuis quatre générations. Claude Rizzo est parti s'établir en France après son bac et après des études littéraires est devenu professeur puis s'est consacré à l'écriture.

Le Maltais de Bab El Khadra (en partie surement autobiographique) nous plonge avec pittoresque dans la Tunisie des années 50 et plus particulièrement dans un quartier typique de Tunis, Bab El Khadra où, à l'époque, vivaient en harmonie Arabes, Juifs, Italiens et Maltais. L'histoire d'un petit orphelin maltais de huit ans, se destinant au métier de cocher comme beaucoup de ses compatriotes, nous fait revivre entre rires et larmes le parcours de ce petit garçon, issu d'un milieu assez pauvre, qui aidé  dans ses études par une vieille tante, d'apparence acariâtre mais pleine de tendresse et d'amour.  Grâce au soutien scolaire et humain de cette vieille fille mal aimée de sa famille, car très érudite, Gaétan, le héros de ce livre attachant va découvrir l'histoire de ses ancêtres et apprendre à comprendre les changements qui peu à peu vont transformer son pays dans les années précédant l'indépendance: la montée du nationalisme, les premiers troubles et attentats visant à se libérer de l'occupant français.

Ce roman plein de poésie et de tendresse se lit d'une traite avec bonheur. De plus, en ces temps troublés de post-révolution qui voient monter l'obscurantisme religieux et se manifester un clivage et une intolérance grandissante entre communautés, ce livre nous rappelle que la société tunisienne a toujours été plurielle et que malgré certaines frictions dues aux événements politiques, la tolérance finissait toujours par triompher et que le mélange des différentes communautés formant le" patchwork" tunisien est une source d'enrichissement réciproque.

Meurtres au potager du Roy de Michèle Barrière.

Roman historique où se mêle une intrigue policière mettant en scène le premier jardinier du potager du château de Versailles, sous Louis XIV.
Pour tous les amoureux des jardins et des plantes et de la gastronomie.
Ce roman fourmille d'informations sur la vie quotidienne, les fêtes et les soupers de la cour du Roi-Soleil et sur l'art de manger au XVIIème siècle. Il mêle des personnages de fictions à de grandes figures de l'histoire de l'époque (grands cuisiniers et jardiniers) comme la Quintinie et Bonnefons mais aussi des botanistes ou des hommes de sciences célèbres (Tournefort, John Evelyn, Denis Papin et bien d'autres°).

A consommer sans modération.

Les fantômes de Goya de Jean-Claude Carrière et Milos Forman.

Ce roman se déroulant dans une période très troublée de l'Espagne (au temps de la révolution française puis des guerres napoléoniennes) nous raconte l'histoire et le parcours chaotique de Lorenzo, inquisiteur au Saint Office, qui empêtré dans une histoire fâcheuse va devoir fuir son pays et se réfugier en France. Là, il va renier sa foi et servir les nouveaux idéaux de liberté de la Révolution française et passer d'un extrémisme à un autre, parfois tout aussi destructeur. Son destin et sa vie sont mêlées à celle du grand peintre Goya dont il était l'ami.

Roman parfois dérangeant, car il est une histoire d'égarements, de passions divines, d'amour, de pouvoir et d'illusions. Il nous sensibilise au fait qu'il peut exister un extrémisme de la liberté comme de l'oppression et que la lumière peut aveugler autant que l'obscurité.

mercredi 14 mars 2012

Modeste critique littéraire (lectures de février-mars)

  • Marguerite et les enragés. (Eric Deschodt, Jean-Claude Lattès)

Roman historique. Florence (1494)
Enquête sur l'assassinat de Pic de la Mirandole, grand humaniste et philosophe de l'époque des Médicis.
Ce roman décrit les recherches faites pour trouver les commanditaires de son assassinat et laisse la porte ouverte à plusieurs thèses. Il semblerait que ce fait n'ait jamais été élucidé complètement car il touchait de trop près différentes factions qui se disputaient le pouvoir à Florence à cette époque troublée de l'histoire de la Renaissance.
Plusieurs scénarios sont étudiés, et tous les personnes impliquées dans cette affaire  avaient, pour différentes raisons,  un intérêt certain à éliminer Pic de la Mirandole: les Médicis , les Borgia (Alexandre VI était pape), Botticelli ainsi  que divers écrivains ou philosophes rivaux de Pic (Ficin, Politien...) et  le moine Savonarole, figure de proue de la lutte contre la corruption morale du clergé catholique et des dirigeants de la ville.

Savonarole a réussi à devenir maître de Florence après le renversement des Médicis par le roi de France en 1494.
Né à Ferrare en 1452, ce moine intégriste régna par la terreur sur Florence jusqu'à sa mort sur le bûcher en 1498. Il s'est illustré par des prêches anti-humanistes très violents. Il s'érigeait en défenseur de la religion et de la morale et luttait contre la corruption de l’Église et du pouvoir. Il fut l'instigateur du bûcher des vanités sur lequel il a fait brûler de nombreuses œuvres d'art ainsi que des livres.
Il fut excommunié par  le pape Alexandre VI (Borgia corrompu et scandaleux) dont il menaçait la suprématie.

Pic de la Mirandole (146361494), humaniste italien, étudia et synthétisa les principales doctrines philosophiques et religieuses connues à son époque. Il était aussi poète et d'une grande érudition dans de nombreux domaines. Il était soutenu par Laurent de Médicis, dit le Magnifique.
Mais, à la fin de sa vie, Pic de la Mirandole devient le disciple de Savonarole, se départit de sa fortune, détruit ses sonnets et envisage de devenir moine.
Il meurt empoisonné à l'arsenic. L'hypothèse la plus probable (mais qui n'a jamais été réellement prouvée) est que le meurtre a probablement été commandité par Pierre de Médicis.

Pour tous ceux qui sont passionnés par la Florence de la Renaissance, ce livre est très intéressant, très documenté sans jamais être rébarbatif.
De plus, les principes prônés par Savonarole, interpellent par leur ressemblance avec les thèses salafistes et rétrogrades auxquelles la Tunisie actuelle est confrontée!

  • Le noyé du grand canal.  ( Jean-François Parrot) 
 
Une autre enquête  policière se replaçant également dans la grande histoire: ici, le règne de Louis XVI .
Le commissaire au Châtelet, Nicolas Le Floch, doit résoudre une nouvelle énigme touchant de très près le pouvoir et la cour. L'auteur nous replonge avec beaucoup de précision historique dans  le Paris de cette époque et les différents évènements  du début de règne de Louis XVI  Les romans historico-policiers de Parrot nous font revivre une partie des règnes de Louis XV et Louis XVI qui vont conduire à la Révolution française.


  • Le parme convient à Laviolette.  ( Pierre Magnan)

Laviolette :un  autre commissaire,celui-ci à la retraite, mais que les autorités appelle souvent à la rescousse pour élucider des affaires compliquées se déroulant toutes en Haute-Provence.
Tous les romans de Pierre Magnan, avec son personnage récurrent, Laviolette et ses enquêtes, paradoxalement très poétiques, alors qu'elles traitent de nombreux meurtres particulièrement mystérieux, ne sont finalement qu'un prétexte à un véritable chant d'amour à la Haute-Provence.

Plusieurs de ses romans ont été portés à l'écran, à la télévision, avec l'excellent Victor Lanoux qui incarne avec brio Laviolette. Toutes ces adaptations sont assez fidèles aux livres de Magnan et restituent bien leur atmosphère particulière.


  • Les écureuils de Central Park son tristes le lundi. ( Katherine Pancol)

Un des romans de la trilogie de l'auteur qui peut se lire seul, sans avoir lu les 2 autres (Les yeux jaunes des crocodiles et  La valse lente des tortues ).
Roman mené tambour battant avec beaucoup d'humour. Ses nombreux personnages sont attachants, et malgré leurs heurs et malheurs, l'optimisme et le bonheur sont omniprésents.
Je conseille ces livres à tous ceux qui connaissent une petite baisse de régime et une période de mélancolie. Ils sont distrayants et engendrent la bonne humeur.


  • Le roman de Beyrouth.  ( Alexandre Najjar)
 
 Roman qui nous emmène, à travers l'histoire d'une famille libanaise, dans les péripéties et surtout les soubresauts  souvent dramatiques de l'histoire qu'a connu la ville de Beyrouth de 1858 à nos jours.
L’auteur libanais lui-même nous aide à comprendre les luttes entre les différentes communautés du Liban ainsi que la politique internationale qui a conduit aux déchirements engendrés par la guerre dans ce pays.
 
 
 

mardi 21 février 2012

Sinistre carnaval.

Carnaval de Binche
Carnaval de Rio









 
"Carnaval"de Tunis
 A travers le monde, la période des carnavals bat son plein, avec pour apothéose le mardi gras.

Partout, ces jours de fête sont attendus et vécus pleinement par la population. Le carnaval  permet en effet  à tous , les nantis comme les plus démunis, de partager des moments de liesse, de danses, de chants et d'oublier ainsi pour quelques jours les soucis de la vie quotidienne.
Grâce aux déguisements et aux masques, plus de différences et de clivages de classes sociales. Tous, grands et petits, partagent à l'unisson la joie d'être ensemble: cortèges, fanfares, bals, ripailles, confettis et serpentins,costumes colorés rires et chansons: tout est prétexte à une joie conviviale.

Ici, en Tunisie, depuis quelques mois, pas de cortèges festifs! Mais des hordes de barbus en kamis suivis de troupes de corbeaux ou chauves-souris scandant des propos haineux, appelant à la guerre sainte, brandissant des drapeaux noirs frappés de versets religieux, fustigeant les malheureux passants pris, bien malgré eux dans ce folklore moyenâgeux et rétrograde.

Pas de chansons joyeuses mais, chaque vendredi, du haut des minarets de certaines mosquées, sont diffusés, à  plein volume des hauts-parleurs, des prêches politico-religieux appelant à la rébellion contre les soi-disant infidèles et à la purification ethnique et religieuse du pays.

Alors que le pays subit de plein fouet la crise, les pénuries, la cherté des prix, un chômage croissant et que le secteur touristique est en berne depuis la révolution, voilà toutes les "distractions" qui nous sont offertes!

mardi 31 janvier 2012

Bienvenue au Tunistan

Avertissement aux lecteurs: le billet qui va suivre est de l'humour, du deuxième degré car, envers et contre tout, je veux croire que le pays n'en arrivera à de telles extrémités..... Mais soyons tous vigilants et luttons pour la défense de la liberté et de l'ouverture d'esprit.

Depuis la révolution, le peuple tunisien, affaibli par la pauvreté et déboussolé par des années de dictature a, sans bien s'en rendre compte, ouvert la boîte de Pandore en portant au pouvoir un parti à caractère religieux et démagogue et sans beaucoup d’expérience du pouvoir.  Touchée  déjà de plein fouet par la crise mondiale, la Tunisie, mal gouvernée, s'enfonce dans la pauvreté et aurait bien besoin de renflouer les caisses vides de l'état.
Le tourisme, principal fournisseur de devises, est en berne et une relance serait la bienvenue.
Alors, en attendant le retour des visiteurs habituels, imaginons une campagne de publicité pour attirer une nouvelle catégorie de touristes: les voyeurs sadiques, les décérébrés et autres fachistes qui se délectent du malheur des autres.


Connerie pour connerie (tous les jours voient se propager un florilège de dérives politico-religieuses, de déclarations à l'emporte-pièce, d'agressions verbales et même physiques) et comme la bêtise est une "denrée"qui s’exporte facilement et à la vitesse de la lumière, lançons de nouveaux slogans très différents de ceux vantant le soleil, la chaleur et la douceur de vivre!

Bienvenue au Tunistan!

  • Voyagez dans le temps! Venez vous replonger dans les délices du Moyen-âge, de l'obscurantisme et de l'inquisition.
  • Venez voir les barbus haineux et rétrogrades et la meute de chauve-souris qui les accompagnent: drapées dans leurs oripeaux couleur deuil, vous aurez peut-être la chance d'admirer les yeux des plus "dénudées".
  • Assistez, en été au bain de ces naïades entrant dans la mer toutes voiles dehors et qui à leur sortie de l'eau, vous révèleront tous leurs appâts, leur niqab plaqué au corps ne laissant rien ignorer de leur anatomie (les bikinis sont bien moins suggestifs!).
  • En vous promenant dans les villes, écoutez et délectez-vous des vociférations haineuses des salafistes au nom d'un Dieu et d'idées religieuses déformées pour "camoufler" leurs frustrations.
  • Participez aux nombreux sit-in et blocages des entreprises et des universités du pays. Le savoir et le progrès sont des choses dangereuses! Écoutez la douce chanson des insultes lancées à des érudits, des professeurs d'université et des journalistes invectivés pour leurs idées de tolérance et de liberté... et appelés brutalement à se tourner enfin vers Dieu... et la pensée unique.
  • Réjouissez-vous, vous qui adorez la provocation et qui vous repaissez du malheur des autres devant les brimades et les injures à caractère raciste et liberticide à l'encontre de ceux qui ne pensent pas comme eux.
  • Chaque vendredi, venez entendre les prêches politico-religieux de certaines mosquées  appelant à la haine et à l'ostracisme (Même pas besoin d'entrer dans les lieux de culte: vous pouvez "vous enchanter les oreilles" de la rue, les hauts-parleurs extérieurs fonctionnant à plein régime!).
  • Après toutes ces activités, ô combien enrichissantes, allez vous désaltérer à l'eau, au mieux au soda dans les hôtels désertés (Attention: consommer de l'alcool peut vous attirer une fatwa!).
Pour les rétrogrades, extrémistes et autres fachistes qui trouveraient que ces excités illuminés ne sont pas encore assez nombreux dans le pays (il y reste encore une majorité de modernistes et tolérants), nous vous conseillons de continuer votre parcours dans l'obscurantisme et l'intolérance par un détour vers l'Afghanistan et avant de regagner vos pénates, passez donc par l'Iran, l'Arabie, le Yémen et finissez par le Soudan.

Vous aurez ainsi fait un magnifique voyage dans les pays de l'absurde!

mercredi 25 janvier 2012

Lectures: évasion....

 

Quoi de mieux pour s'évader d'un quotidien pas toujours rose et quand on n'a pas les moyens ou la possibilité de quitter son traintrain habituel que de se plonger dans la lecture d'un bon livre!

Voici donc mes voyages littéraires de ces derniers mois.

  •  Le jardinier de Metlaoui de François-G Bussac.
 (préface d'Ali Bécheur, écrivain tunisien de langue française)

L’auteur, nouvelliste et familier  de la diplomatie culturelle, fait dans cet ouvrage le récit de la vie de son grand-père Henri Wiesser qui a longtemps vécu en dans le sud tunisien, à Metlaoui où il travaillait pour la Compagnie des phosphates.
Pendant toute sa vie et durant toute sa carrière, celui-ci a tenu un journal détaillé de sa existence au fin fond de la Tunisie au temps du protectorat français. Il y conte avec force détails son travail, souvent ingrat, tout entier consacré à la très puissante Compagnie des phosphates de Gafsa, ses voyages lors de ses vacances jusqu’en Russie notamment, sa vie de famille , ses bonheurs et ses douleurs et tous les événements, grands ou petits, qui ont secoué le vingtième siècle.
Pour supporter une vie parfois très dure dans un environnement hostile et aride aux confins du désert, H.Wiesser , passionné de jardinage autant que d'écriture, avait réussi à créer un petit  jardin auquel il consacrait la plupart de ses loisirs et qui lui permettait de se ressourcer dans cette région au climat très rude.

François Bussac a eu l'idée de ce roman après avoir retrouvé dans une vieille malle tous les cahiers d'écolier que son grand-père avait noirci durant sa longue vie. Pour écrire ce livre de souvenirs et de mémoire, l'auteur est venu en Tunisie afin de retrouver les traces de son ancêtre.

  • Le cadavre anglais de Jean-François Parot

L'auteur, J-F Parot , ambassadeur et spécialiste du XVIIIème siècle, a créé un personnage, le commissaire Nicolas le Floch, qui nous plonge à travers ses enquêtes au cœur des intrigues de cour et de rues dans le Paris de Louis XV et Louis XVI.
Grâce à son style "très vieille France" et au contexte historique très documenté sur cette époque,  nous quittons ce siècle pour nous retrouver avec plaisir plus de 200 ans en arrière. Le personnage du commissaire Le Floch est attachant et les intrigues policières bien menées.
Un série télévisée a été réalisée et l'adaptation de ces romans policiers historiques sont assez fidèles aux ouvrages de J-F Parrot.
  • Du sang sur la soie de Anne Perry.
 Ce roman nous emmène dans la Byzance du XIIIème siècle ou l’héroïne, Anna Zaridès, doit, pour pouvoir exercer sa profession de médecin à Constantinople  se travestir en eunuque.
A travers son parcours, nous découvrons les passions et les ambitions de nombreux personnages historiques de cette époque qui sont partagés entre le pouvoir et les richesses perdues après la destruction d'une partie de la ville par les Croisés en 1204 et l'obsession du sacrifice au nom de leur foi au croisement des civilisations orientale et occidentale.

  • Le paradis du néant de Zoé Valdès

Zoé Valdès, écrivaine cubaine, utilise un humour féroce mêlé de  beaucoup de mélancolie pour décrire l'exil et le coût de la liberté. Elle dresse dans ce roman un portrait haut en couleurs et parfois très cruel d'émigrés politiques ou économiques réfugiés à Paris après avoir fui leur pays . Grinçant par moments, ce livre éveille bien des souvenirs à tous les exilés ou expatriés , volontaires ou non, qui doivent se reconstruire une vie dans un autre pays que le leur.




lundi 16 janvier 2012

Tunisie: 2011: "Dégage": l'euphorie. 2012: un an après: le désenchantement!

Tout juste un an après l'éviction du despote qui a asphyxié le pays pendant 23 ans, que reste-il de l'enthousiasme, des espoirs et de la fierté de la jeunesse qui avait permis cet événement?

  • La fierté? Surement et avec raison. Peu de pays avait aussi rapidement mis en déroute un régime dictatorial .
  • Les espoirs d'une vie meilleure? Beaucoup de déceptions: le chômage atteint des taux records, la pauvreté est de plus en plus criante dans certaines régions.
  • La démocratie? Un rêve qui semble s'éloigner depuis les premières élections libres et pluralistes qui, pourtant, concrétisaient tous les espoirs!
  • L'économie? En chute libre! La flambée des prix paupérisent encore plus les classes sociales à petits revenus. Les grèves sauvages et les sit-in incessants paralysent tous les secteurs d'activité. De ce fait, de nombreuses entreprises étrangères quittent le pays et plusieurs entreprises locales sont à l'arrêt et en cessation de paiement.
  • La sécurité? De moins en moins présente.
  • La liberté d’expression? Un des seuls points positifs de l'après-révolution. Les langues se sont déliées, les gens osent enfin parler et critiquer. La presse et les médias sont moins muselés et les réseaux sociaux et internet permettent de grands débats et échanges d'idées. Mais, cela durera-t-il? Question angoissante pour beaucoup.

Malheureusement, beaucoup anciens opposants aux régime sont rentrés au pays avec la ferme volonté de prendre le pouvoir par n'importe quels moyens et ainsi  se venger de dirigeants qui les avaient humiliés, emprisonnés et exilés.

Les progressistes et les démocrates, trop surs d'eux et surtout trop divisés, sont restés aveugles et sourds aux signaux pourtant de plus en plus perceptibles de la montée en force des partis islamistes, qui eux ont "mouillés leur chemise" (ce mérite, il faut leur laisser, même si c'est grâce à l'argent des régimes obscurantistes des pays du golfe persique, à la démagogie et au "lavage de cerveaux" des pauvres et des couches sociales en grande précarité).

Et les urnes ont parlé en leur faveur!
Et, patatras, le lendemain des élections, nous nous sommes réveillés "groggy" et pour certains, incrédules devant une percée aussi spectaculaire.

Et sur ce pays, le plus progressiste des pays arabes, multiculturel depuis des millénaires, tolérant et ouvert, semble tomber une chape de plomb religieuse , obscurantiste et rétrograde.
La division est de plus en plus marquée entre les modernistes et les islamistes qui veulent imposer leurs diktats religieux à la société civile. Dans la Tunisie moderne où , grâce à son premier président, Bourguiba, la femme avait les mêmes droits (sinon plus) que les pays occidentaux et démocrates, on rencontre de plus en plus de femmes en niqab (qui n'a pourtant jamais fait partie de la culture tunisienne ) et de salafistes barbus!

Le gouvernement provisoire, à majorité islamiste, sans expérience du pouvoir et de la gestion d'un pays en crise, patauge lamentablement et ne semble s'occuper que de questions "anecdotiques" ayant trait à la religion plutôt que de se pencher sur les dossiers urgents pour redresser le pays!
La majorité des hommes politiques ne semblent agir que dans leur intérêt personnel: le pouvoir à tout prix.
Clientélisme, népotisme, passe-droits et corruption à tous les étages sont les maîtres mots des gouvernants actuels.

Et la grande question qui hante les esprits est bien sûr celle de l'avenir du pays.
La Tunisie va-t-elle glisser d'un régime despotique et mafieux à une dictature religieuse, le pire régime qui soit car le plus rétrograde et obscurantiste? On est en droit de se le demander avec inquiétude au vu des alliances  que nouent les nouveaux dirigeants avec les pays du Golfe (les moins démocrates et progressistes tel le Qatar) et leurs inépuisables pétrodollars.