mardi 23 mars 2010

Incivisme et ignorance.



Ce billet d'humeur m'est inspiré par la journée du 21/03/2010 que nous avons passée à Rafraf, dans le cadre de l'association "INITIATIVES OCEANES".

Le groupe Facebook des Half a voulu participer à cette journée de nettoyage de plages ou de bords de rivières qui se fait depuis plusieurs années dans de nombreux pays.

Par ce beau dimanche chaud et ensoleillé , des centaines de bénévoles jeunes et moins jeunes, de toutes les catégories sociales ( universitaires,médecins, ingénieurs, professeurs, professions libérales, artisans, étudiants, etc...) n'ont pas hésité à s'armer de gants, sacs poubelles, râteaux et pelles pour sillonner la magnifique plage de Rafraf et ramasser toutes les ordures laissées par la majorité de ceux qui fréquentent la plage ou rejetées par la mer, car lancées dans l'eau par les bateaux!

Après quelques heures d'un travail (parfois éprouvant pour le dos des plus âgés!), des dizaines de sacs remplis de déchets divers mais principalement de plastique ont été rassemblés ; pas moins de deux remorques de tracteur ont été nécessaires pour les enlever!
Le pire est que si nous en avions eu la force ou le courage, on aurait pu en ramasser 10 fois plus.


Vivant depuis 40 ans dans ce pays devenu le mien par la force des choses, je suis bien consciente du problème récurrent et allant en s'amplifiant d'année en année, du manque flagrant de prise de conscience par beaucoup que nous sommes en train de détruire à petit feu le beau pays que pourrait être la Tunisie.

Que ce soient les municipalités ou les particuliers qui prennent des initiatives de mise en garde et d'information de tous: rien n'y fait.

Plus, on en parle à la TV ou à la radio, plus dans les écoles les enseignants essayent de sensibiliser les enfants aux problèmes d'environnement, plus on essaye de montrer qu'un petit geste de chacun permettrait de rendre la Tunisie propre et belle, et que tout le monde profiterait de cette amélioration du cadre de vie, plus, il semblerait que les gens, même instruits, ne font aucun effort , au contraire!

C'est navrant, décourageant et inquiétant.

La Tunisie devient une vaste poubelle à ciel ouvert: il n'y a plus aucun endroit épargné par le fléau des sacs plastiques qui au premier coup de vent s'accrochent aux arbres et défigurent les plus beaux paysages.
Même les endroits les plus fréquentés par les touristes (à part le petit cocon que forment les hôtels, et encore..) regorgent de déchets divers et principalement de bouteilles plastiques, de papiers gras, de mouchoirs usagés, de seringues (véritables dangers pour les enfants qui les ramassent sans en connaître le danger).....

Et pourtant, le pays a tout misé sur le tourisme!! Mais je connais de nombreuses personnes qui , ayant déjà beaucoup voyagé dans différents pays, refusent d'y revenir, à cause de la saleté du pays, du harcèlement des vendeurs et de la mauvais qualité de service dans les hôtels tunisiens. (Ces deux derniers points pourraient être débattus dans un autre article, car je vais m'égarer)

Il serait pourtant si simple pour chacun de comprendre l'importance du problème, et d'y apporter remède sans beaucoup d'effort.
Pourquoi jeter tout ce qui nous encombre par terre (tickets de bus ou de train, mouchoirs sales, papiers emballant notre casse-croûte, cigarettes, bouteilles, etc...) alors qu'il existe un peu partout des poubelles, containers, ou corbeilles à papiers. Et si, dans certains endroits, ces ustensiles manquent, gardons nos déchets dans un sac que nous jetterons une fois rentrés à la maison.

Il est évident que les premiers responsables de ces comportements inciviques sont les parents.
Ils doivent apprendre, à leurs enfants, et ce dès le moment où ils sont en âge de comprendre (c'est-à-dire très jeunes) les bons gestes, les bons réflexes et surtout à montrer eux-mêmes l'exemple en agissant de cette manière.

Mais, combien le font encore?
L'école doit évidemment adopter la même attitude, ainsi que les instances dirigeantes.
De plus, comme la plupart des gens ne comprennent et ne font attention que lorsque cela peut leur coûter et que l'on touche à leur porte-monnaie, il faut instaurer et surtout appliquer des amendes sévères.

Je ne voudrais pas être partiale et ne pas admettre que ce problème ne touche que la Tunisie, ce serait mentir, mais , depuis le temps que j'y vis (plus que dans mon pays natal) j'ai vu la Tunisie s'améliorer au point de vue économique mais l'état d'esprit et les mentalités se dégrader , et c'est cela qui me touche et me navre le plus.

Car, quel pays allons-nous laisser à nos petits-enfants? Réfléchissons-y et si nous les aimons vraiment, pensons à eux.