mardi 31 janvier 2012

Bienvenue au Tunistan

Avertissement aux lecteurs: le billet qui va suivre est de l'humour, du deuxième degré car, envers et contre tout, je veux croire que le pays n'en arrivera à de telles extrémités..... Mais soyons tous vigilants et luttons pour la défense de la liberté et de l'ouverture d'esprit.

Depuis la révolution, le peuple tunisien, affaibli par la pauvreté et déboussolé par des années de dictature a, sans bien s'en rendre compte, ouvert la boîte de Pandore en portant au pouvoir un parti à caractère religieux et démagogue et sans beaucoup d’expérience du pouvoir.  Touchée  déjà de plein fouet par la crise mondiale, la Tunisie, mal gouvernée, s'enfonce dans la pauvreté et aurait bien besoin de renflouer les caisses vides de l'état.
Le tourisme, principal fournisseur de devises, est en berne et une relance serait la bienvenue.
Alors, en attendant le retour des visiteurs habituels, imaginons une campagne de publicité pour attirer une nouvelle catégorie de touristes: les voyeurs sadiques, les décérébrés et autres fachistes qui se délectent du malheur des autres.


Connerie pour connerie (tous les jours voient se propager un florilège de dérives politico-religieuses, de déclarations à l'emporte-pièce, d'agressions verbales et même physiques) et comme la bêtise est une "denrée"qui s’exporte facilement et à la vitesse de la lumière, lançons de nouveaux slogans très différents de ceux vantant le soleil, la chaleur et la douceur de vivre!

Bienvenue au Tunistan!

  • Voyagez dans le temps! Venez vous replonger dans les délices du Moyen-âge, de l'obscurantisme et de l'inquisition.
  • Venez voir les barbus haineux et rétrogrades et la meute de chauve-souris qui les accompagnent: drapées dans leurs oripeaux couleur deuil, vous aurez peut-être la chance d'admirer les yeux des plus "dénudées".
  • Assistez, en été au bain de ces naïades entrant dans la mer toutes voiles dehors et qui à leur sortie de l'eau, vous révèleront tous leurs appâts, leur niqab plaqué au corps ne laissant rien ignorer de leur anatomie (les bikinis sont bien moins suggestifs!).
  • En vous promenant dans les villes, écoutez et délectez-vous des vociférations haineuses des salafistes au nom d'un Dieu et d'idées religieuses déformées pour "camoufler" leurs frustrations.
  • Participez aux nombreux sit-in et blocages des entreprises et des universités du pays. Le savoir et le progrès sont des choses dangereuses! Écoutez la douce chanson des insultes lancées à des érudits, des professeurs d'université et des journalistes invectivés pour leurs idées de tolérance et de liberté... et appelés brutalement à se tourner enfin vers Dieu... et la pensée unique.
  • Réjouissez-vous, vous qui adorez la provocation et qui vous repaissez du malheur des autres devant les brimades et les injures à caractère raciste et liberticide à l'encontre de ceux qui ne pensent pas comme eux.
  • Chaque vendredi, venez entendre les prêches politico-religieux de certaines mosquées  appelant à la haine et à l'ostracisme (Même pas besoin d'entrer dans les lieux de culte: vous pouvez "vous enchanter les oreilles" de la rue, les hauts-parleurs extérieurs fonctionnant à plein régime!).
  • Après toutes ces activités, ô combien enrichissantes, allez vous désaltérer à l'eau, au mieux au soda dans les hôtels désertés (Attention: consommer de l'alcool peut vous attirer une fatwa!).
Pour les rétrogrades, extrémistes et autres fachistes qui trouveraient que ces excités illuminés ne sont pas encore assez nombreux dans le pays (il y reste encore une majorité de modernistes et tolérants), nous vous conseillons de continuer votre parcours dans l'obscurantisme et l'intolérance par un détour vers l'Afghanistan et avant de regagner vos pénates, passez donc par l'Iran, l'Arabie, le Yémen et finissez par le Soudan.

Vous aurez ainsi fait un magnifique voyage dans les pays de l'absurde!

mercredi 25 janvier 2012

Lectures: évasion....

 

Quoi de mieux pour s'évader d'un quotidien pas toujours rose et quand on n'a pas les moyens ou la possibilité de quitter son traintrain habituel que de se plonger dans la lecture d'un bon livre!

Voici donc mes voyages littéraires de ces derniers mois.

  •  Le jardinier de Metlaoui de François-G Bussac.
 (préface d'Ali Bécheur, écrivain tunisien de langue française)

L’auteur, nouvelliste et familier  de la diplomatie culturelle, fait dans cet ouvrage le récit de la vie de son grand-père Henri Wiesser qui a longtemps vécu en dans le sud tunisien, à Metlaoui où il travaillait pour la Compagnie des phosphates.
Pendant toute sa vie et durant toute sa carrière, celui-ci a tenu un journal détaillé de sa existence au fin fond de la Tunisie au temps du protectorat français. Il y conte avec force détails son travail, souvent ingrat, tout entier consacré à la très puissante Compagnie des phosphates de Gafsa, ses voyages lors de ses vacances jusqu’en Russie notamment, sa vie de famille , ses bonheurs et ses douleurs et tous les événements, grands ou petits, qui ont secoué le vingtième siècle.
Pour supporter une vie parfois très dure dans un environnement hostile et aride aux confins du désert, H.Wiesser , passionné de jardinage autant que d'écriture, avait réussi à créer un petit  jardin auquel il consacrait la plupart de ses loisirs et qui lui permettait de se ressourcer dans cette région au climat très rude.

François Bussac a eu l'idée de ce roman après avoir retrouvé dans une vieille malle tous les cahiers d'écolier que son grand-père avait noirci durant sa longue vie. Pour écrire ce livre de souvenirs et de mémoire, l'auteur est venu en Tunisie afin de retrouver les traces de son ancêtre.

  • Le cadavre anglais de Jean-François Parot

L'auteur, J-F Parot , ambassadeur et spécialiste du XVIIIème siècle, a créé un personnage, le commissaire Nicolas le Floch, qui nous plonge à travers ses enquêtes au cœur des intrigues de cour et de rues dans le Paris de Louis XV et Louis XVI.
Grâce à son style "très vieille France" et au contexte historique très documenté sur cette époque,  nous quittons ce siècle pour nous retrouver avec plaisir plus de 200 ans en arrière. Le personnage du commissaire Le Floch est attachant et les intrigues policières bien menées.
Un série télévisée a été réalisée et l'adaptation de ces romans policiers historiques sont assez fidèles aux ouvrages de J-F Parrot.
  • Du sang sur la soie de Anne Perry.
 Ce roman nous emmène dans la Byzance du XIIIème siècle ou l’héroïne, Anna Zaridès, doit, pour pouvoir exercer sa profession de médecin à Constantinople  se travestir en eunuque.
A travers son parcours, nous découvrons les passions et les ambitions de nombreux personnages historiques de cette époque qui sont partagés entre le pouvoir et les richesses perdues après la destruction d'une partie de la ville par les Croisés en 1204 et l'obsession du sacrifice au nom de leur foi au croisement des civilisations orientale et occidentale.

  • Le paradis du néant de Zoé Valdès

Zoé Valdès, écrivaine cubaine, utilise un humour féroce mêlé de  beaucoup de mélancolie pour décrire l'exil et le coût de la liberté. Elle dresse dans ce roman un portrait haut en couleurs et parfois très cruel d'émigrés politiques ou économiques réfugiés à Paris après avoir fui leur pays . Grinçant par moments, ce livre éveille bien des souvenirs à tous les exilés ou expatriés , volontaires ou non, qui doivent se reconstruire une vie dans un autre pays que le leur.




lundi 16 janvier 2012

Tunisie: 2011: "Dégage": l'euphorie. 2012: un an après: le désenchantement!

Tout juste un an après l'éviction du despote qui a asphyxié le pays pendant 23 ans, que reste-il de l'enthousiasme, des espoirs et de la fierté de la jeunesse qui avait permis cet événement?

  • La fierté? Surement et avec raison. Peu de pays avait aussi rapidement mis en déroute un régime dictatorial .
  • Les espoirs d'une vie meilleure? Beaucoup de déceptions: le chômage atteint des taux records, la pauvreté est de plus en plus criante dans certaines régions.
  • La démocratie? Un rêve qui semble s'éloigner depuis les premières élections libres et pluralistes qui, pourtant, concrétisaient tous les espoirs!
  • L'économie? En chute libre! La flambée des prix paupérisent encore plus les classes sociales à petits revenus. Les grèves sauvages et les sit-in incessants paralysent tous les secteurs d'activité. De ce fait, de nombreuses entreprises étrangères quittent le pays et plusieurs entreprises locales sont à l'arrêt et en cessation de paiement.
  • La sécurité? De moins en moins présente.
  • La liberté d’expression? Un des seuls points positifs de l'après-révolution. Les langues se sont déliées, les gens osent enfin parler et critiquer. La presse et les médias sont moins muselés et les réseaux sociaux et internet permettent de grands débats et échanges d'idées. Mais, cela durera-t-il? Question angoissante pour beaucoup.

Malheureusement, beaucoup anciens opposants aux régime sont rentrés au pays avec la ferme volonté de prendre le pouvoir par n'importe quels moyens et ainsi  se venger de dirigeants qui les avaient humiliés, emprisonnés et exilés.

Les progressistes et les démocrates, trop surs d'eux et surtout trop divisés, sont restés aveugles et sourds aux signaux pourtant de plus en plus perceptibles de la montée en force des partis islamistes, qui eux ont "mouillés leur chemise" (ce mérite, il faut leur laisser, même si c'est grâce à l'argent des régimes obscurantistes des pays du golfe persique, à la démagogie et au "lavage de cerveaux" des pauvres et des couches sociales en grande précarité).

Et les urnes ont parlé en leur faveur!
Et, patatras, le lendemain des élections, nous nous sommes réveillés "groggy" et pour certains, incrédules devant une percée aussi spectaculaire.

Et sur ce pays, le plus progressiste des pays arabes, multiculturel depuis des millénaires, tolérant et ouvert, semble tomber une chape de plomb religieuse , obscurantiste et rétrograde.
La division est de plus en plus marquée entre les modernistes et les islamistes qui veulent imposer leurs diktats religieux à la société civile. Dans la Tunisie moderne où , grâce à son premier président, Bourguiba, la femme avait les mêmes droits (sinon plus) que les pays occidentaux et démocrates, on rencontre de plus en plus de femmes en niqab (qui n'a pourtant jamais fait partie de la culture tunisienne ) et de salafistes barbus!

Le gouvernement provisoire, à majorité islamiste, sans expérience du pouvoir et de la gestion d'un pays en crise, patauge lamentablement et ne semble s'occuper que de questions "anecdotiques" ayant trait à la religion plutôt que de se pencher sur les dossiers urgents pour redresser le pays!
La majorité des hommes politiques ne semblent agir que dans leur intérêt personnel: le pouvoir à tout prix.
Clientélisme, népotisme, passe-droits et corruption à tous les étages sont les maîtres mots des gouvernants actuels.

Et la grande question qui hante les esprits est bien sûr celle de l'avenir du pays.
La Tunisie va-t-elle glisser d'un régime despotique et mafieux à une dictature religieuse, le pire régime qui soit car le plus rétrograde et obscurantiste? On est en droit de se le demander avec inquiétude au vu des alliances  que nouent les nouveaux dirigeants avec les pays du Golfe (les moins démocrates et progressistes tel le Qatar) et leurs inépuisables pétrodollars.