Femmes célèbres de Tunisie
Ne m'étant jamais vraiment intéressée (je l'avoue bien humblement) à la position et à l'importance de la femme dans la société tunisienne à travers l'histoire, je ne pourrais et ne voudrais rivaliser avec des Tunisiennes de naissance dans ce domaine.
Depuis mon implantation dans ce pays, j'ai toujours vu les femmes tunisiennes des anciennes générations assez soumises à leurs maris, mais ayant légalement plus de droits (grâce au statut personnel instauré par Bourguiba) que la femme européenne, et ce au sens strict du droit (facilités pour le divorce, garde quasi automatique des enfants, droit au logement et à la pension alimentaire sans avoir à prouver quoi que ce soit, etc...)
J'étais, à mon arrivée, conditionnée par les "on-dits" et rumeurs des Européens quant à la condition féminine dans les pays musulmans, et par bon nombre d'idées fausses répandues par des gens qui n'avaient jamais mis un pied en Tunisie mais qui pourtant "savaient tout sur ce qui se passait ici" et m'ont dépeint un tableau des plus effrayant du sort qui m'attendait une fois mariée à un musulman. (Exemples d'affirmations de gens instruits et soi-disant bien informés: les femmes n'ont aucun droit là-bas, à part celui de servir leur mari; elles ne peuvent pas travailler, doivent sortir voilées, ne pas marcher à côté des hommes dans la rue; c'est une société faite et dirigées par les hommes: j'en passe et des meilleures........)
Bien sûr, il y avait heureusement des gens cultivés, plus ouverts et tolérants qui avaient contrebalancé ces affirmations.
Mais je dois admettre que, malgré tout, ce n'est pas sans une certaine angoisse que j'ai débarqué en Tunisie.
Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir une société très diversifiée où les sexes, les races, les religions se mélangeaient et vivaient le plus souvent en harmonie, sans intolérance et dans le respect des croyances socio-culturelles de l'autre.
Une société, où, même dans les familles vivant de manière ancestrale, la femme sous des dehors assez soumis aux hommes de la famille, faisait quand même ce qu'elle voulait et ce qui lui plaisait!
On m'avait parlé de société purement patriarcale et je découvrais, au contraire, dans la majorité des familles que je fréquentais une société plutôt matriarcale où finalement c'était plus les femmes qui "dirigeaient" et prenaient les décisions tout en laissant croire aux hommes que c'étaient eux "les chefs".
J'arrête ici cette digression sur mon expérience personnelle pour en venir enfin au sujet principal de cet article: quelques femmes célèbres de l'histoire de la Tunisie.
Depuis la révolution et les dangers que peut faire courir aux femmes un recours à l'obscurantisme des extrémistes, j'ai fait quelques recherches et je vous livre ici quelques lignes sur l'importance de certaines femmes à travers l'histoire du pays. Je n'en ai évidemment choisi que quelques-unes parmi les très nombreux exemples que nous fournit l'Histoire ancienne ou contemporaine. Et je ne parlerai d'elle qu'en quelques lignes, n'ayant pas ici la prétention d'écrire des biographies.
Entre mythologie et légende, je commencerai par Didon (Elyssa) , Phénicienne ayant quitté sa ville d'origine (Tyr) et qui aurait fondé Carthage en 815 avant JC, en obtenant du seigneur local l'octroi d'une terre en bordure de mer, grâce au stratagème de la peau de bœuf.
Dans l'histoire ancienne, nous trouvons aussi la Kahena, figure emblématique de la guerrière berbère, issue de la tribu des Djeraya,: celle que l'on surnomme une des premières féministes d'Afrique du Nord.
En 686, elle prend la tête des tribus d' Afrique du Nord pour lutter contre les Omeyades et va régner sur l'Ifriqiya (territoire qui correspond à l'Algérie, la Tunisie et la Tripolitaine) pendant 5 ans.
Je ne parlerai pas d'Aziza Othmana, grande figure féminine tunisienne également, sur qui un article a déjà été écrit dans ce blog.
Je passe maintenant à l'époque plus contemporaine et j'ai choisi quelques figures qui m'ont frappée par leur intelligence et leurs engagements dans la cause des femmes et du pays.
Nebiha BEN MILED (1919-2009) : infirmière et assistante sociale qui toute sa vie a été une grande militante indépendantiste et féministe et qui a fondé l'Union des femmes musulmanes.
Souhayr BELHASSEN, étudiante de Sciences Politiques à Tunis puis à Paris, journaliste et écrivain, grande militante des droits de l'homme et faisant partie de la Ligue tunisienne des droits de l'homme , et à ce titre, souvent fustigée par les dirigeants du pays.
Sophie BESSIS, issue d'une famille de la grande bourgeoisie juive tunisienne. Agrégée d'histoire, , elle a plusieurs cordes à son arc.
Elle a été rédactrice en chef de Jeune Afrique. Elle est aussi directrice à l'Institut des relations internationales et stratégiques de Paris, secrétaire adjointe du FIDH, elle enseigna à la Sorbonne et à l'Institut national des langues et civilisations orientales.
Elle est aussi écrivain, auteure de plusieurs ouvrages (Habib Bourguiba, en 1988, Femmes du Maghreb en 1983, les Arabes, les femmes et la liberté en 2007, etc....)
Gisèle HALIMI. Née à la Goulette dans une famille juive traditionaliste, elle devient avocate et entre au barreau de Tunis en 1949 puis part à Paris.
Combattante acharnée de la lutte féministe, très engagée, elle lutte pour l'indépendance de la Tunisie et de l'Algérie.
A Paris, aux côtés de Simone de Beauvoir, elle fonde le mouvement féministe en 1971 et se bat pour la dépénalisation de l'avortement et le droit des femmes.
Elle écrit aussi de nombreux ouvrages (Cause des femmes en 1973, Le lait de l'oranger en 1988, la Kahina en 2006, Ne vous résignez jamais en 2009).
Nine MOATI. D'origine juive tunisienne, elle naît à paris en 1937 mais passe son enfance à Tunis.
A Paris, elle devient journaliste pour la radio, puis pour le magazine "Elle".
Elle écrit aussi de nombreux romans, traitant pour la plupart de la vie en Tunisie.
(Mon enfant, ma mère en 1974, l'Orientale en 1985 et son plus connu Les Belles de Tunis en 1983,......)
Voilà ma modeste contribution à ce blog "les Femmes de Tunisie".
Et j'espère que ces quelques exemples de "combattantes acharnées" du droit des femmes inciteront toutes les femmes tunisiennes actuelles à lutter pour garder leurs atouts et leur place prépondérante dans la société , et à se battre contre tous les obscurantismes.
Depuis mon implantation dans ce pays, j'ai toujours vu les femmes tunisiennes des anciennes générations assez soumises à leurs maris, mais ayant légalement plus de droits (grâce au statut personnel instauré par Bourguiba) que la femme européenne, et ce au sens strict du droit (facilités pour le divorce, garde quasi automatique des enfants, droit au logement et à la pension alimentaire sans avoir à prouver quoi que ce soit, etc...)
J'étais, à mon arrivée, conditionnée par les "on-dits" et rumeurs des Européens quant à la condition féminine dans les pays musulmans, et par bon nombre d'idées fausses répandues par des gens qui n'avaient jamais mis un pied en Tunisie mais qui pourtant "savaient tout sur ce qui se passait ici" et m'ont dépeint un tableau des plus effrayant du sort qui m'attendait une fois mariée à un musulman. (Exemples d'affirmations de gens instruits et soi-disant bien informés: les femmes n'ont aucun droit là-bas, à part celui de servir leur mari; elles ne peuvent pas travailler, doivent sortir voilées, ne pas marcher à côté des hommes dans la rue; c'est une société faite et dirigées par les hommes: j'en passe et des meilleures........)
Bien sûr, il y avait heureusement des gens cultivés, plus ouverts et tolérants qui avaient contrebalancé ces affirmations.
Mais je dois admettre que, malgré tout, ce n'est pas sans une certaine angoisse que j'ai débarqué en Tunisie.
Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir une société très diversifiée où les sexes, les races, les religions se mélangeaient et vivaient le plus souvent en harmonie, sans intolérance et dans le respect des croyances socio-culturelles de l'autre.
Une société, où, même dans les familles vivant de manière ancestrale, la femme sous des dehors assez soumis aux hommes de la famille, faisait quand même ce qu'elle voulait et ce qui lui plaisait!
On m'avait parlé de société purement patriarcale et je découvrais, au contraire, dans la majorité des familles que je fréquentais une société plutôt matriarcale où finalement c'était plus les femmes qui "dirigeaient" et prenaient les décisions tout en laissant croire aux hommes que c'étaient eux "les chefs".
J'arrête ici cette digression sur mon expérience personnelle pour en venir enfin au sujet principal de cet article: quelques femmes célèbres de l'histoire de la Tunisie.
Depuis la révolution et les dangers que peut faire courir aux femmes un recours à l'obscurantisme des extrémistes, j'ai fait quelques recherches et je vous livre ici quelques lignes sur l'importance de certaines femmes à travers l'histoire du pays. Je n'en ai évidemment choisi que quelques-unes parmi les très nombreux exemples que nous fournit l'Histoire ancienne ou contemporaine. Et je ne parlerai d'elle qu'en quelques lignes, n'ayant pas ici la prétention d'écrire des biographies.
Entre mythologie et légende, je commencerai par Didon (Elyssa) , Phénicienne ayant quitté sa ville d'origine (Tyr) et qui aurait fondé Carthage en 815 avant JC, en obtenant du seigneur local l'octroi d'une terre en bordure de mer, grâce au stratagème de la peau de bœuf.
Dans l'histoire ancienne, nous trouvons aussi la Kahena, figure emblématique de la guerrière berbère, issue de la tribu des Djeraya,: celle que l'on surnomme une des premières féministes d'Afrique du Nord.
En 686, elle prend la tête des tribus d' Afrique du Nord pour lutter contre les Omeyades et va régner sur l'Ifriqiya (territoire qui correspond à l'Algérie, la Tunisie et la Tripolitaine) pendant 5 ans.
Je ne parlerai pas d'Aziza Othmana, grande figure féminine tunisienne également, sur qui un article a déjà été écrit dans ce blog.
Je passe maintenant à l'époque plus contemporaine et j'ai choisi quelques figures qui m'ont frappée par leur intelligence et leurs engagements dans la cause des femmes et du pays.
Nebiha BEN MILED (1919-2009) : infirmière et assistante sociale qui toute sa vie a été une grande militante indépendantiste et féministe et qui a fondé l'Union des femmes musulmanes.
Souhayr BELHASSEN, étudiante de Sciences Politiques à Tunis puis à Paris, journaliste et écrivain, grande militante des droits de l'homme et faisant partie de la Ligue tunisienne des droits de l'homme , et à ce titre, souvent fustigée par les dirigeants du pays.
Sophie BESSIS, issue d'une famille de la grande bourgeoisie juive tunisienne. Agrégée d'histoire, , elle a plusieurs cordes à son arc.
Elle a été rédactrice en chef de Jeune Afrique. Elle est aussi directrice à l'Institut des relations internationales et stratégiques de Paris, secrétaire adjointe du FIDH, elle enseigna à la Sorbonne et à l'Institut national des langues et civilisations orientales.
Elle est aussi écrivain, auteure de plusieurs ouvrages (Habib Bourguiba, en 1988, Femmes du Maghreb en 1983, les Arabes, les femmes et la liberté en 2007, etc....)
Gisèle HALIMI. Née à la Goulette dans une famille juive traditionaliste, elle devient avocate et entre au barreau de Tunis en 1949 puis part à Paris.
Combattante acharnée de la lutte féministe, très engagée, elle lutte pour l'indépendance de la Tunisie et de l'Algérie.
A Paris, aux côtés de Simone de Beauvoir, elle fonde le mouvement féministe en 1971 et se bat pour la dépénalisation de l'avortement et le droit des femmes.
Elle écrit aussi de nombreux ouvrages (Cause des femmes en 1973, Le lait de l'oranger en 1988, la Kahina en 2006, Ne vous résignez jamais en 2009).
Nine MOATI. D'origine juive tunisienne, elle naît à paris en 1937 mais passe son enfance à Tunis.
A Paris, elle devient journaliste pour la radio, puis pour le magazine "Elle".
Elle écrit aussi de nombreux romans, traitant pour la plupart de la vie en Tunisie.
(Mon enfant, ma mère en 1974, l'Orientale en 1985 et son plus connu Les Belles de Tunis en 1983,......)
Voilà ma modeste contribution à ce blog "les Femmes de Tunisie".
Et j'espère que ces quelques exemples de "combattantes acharnées" du droit des femmes inciteront toutes les femmes tunisiennes actuelles à lutter pour garder leurs atouts et leur place prépondérante dans la société , et à se battre contre tous les obscurantismes.