En ce lundi de Pâques, je me souviens des fêtes de mon enfance et de ce que me rappelle plus particulièrement cette célébration.
Je voudrais commencer ce billet par une citation de l'écrivaine Marie Darrieussecq que je trouve intéressante:
Dans une famille, on a beau avoir vécu les mêmes choses, on n'a pas les mêmes souvenirs.C'est très vrai et j'aimerais, si certains membres de la famille de ma génération me lisent, ou même des amis ayant vécu à peu près les mêmes fêtes, qu'ils me donnent leur avis ou me rappellent leurs souvenirs personnels.
Je vais parler ici principalement de la fête de Pâques de mes toutes jeunes années, celles où j'ai commencé à réaliser et à engranger des souvenirs ,bons ou mauvais, que certains mots, certaines odeurs, certaines images font remonter à la surface, avec parfois beaucoup de nostalgie et en même temps une grande joie à se les remémorer.
Pourquoi aujourd'hui? Pourquoi cette envie irrépressible de les coucher sur le papier?
Tout simplement, à la vue d'un reportage du journal télévisé de France 2 sur la célébration de Pâques dans certains villages alsaciens.
Je me suis revue, toute jeune enfant, au chalet de mes grands-parents, dans un minuscule village des Ardennes profondes, nommé La Fosse, ne comptant pas plus d'une vingtaine de petites maisons paysannes.
La maison de campagne de mes grands-parents paternels se situaient, en dehors du village, sur une colline dominant un paysage grandiose de prairies et de forêts de sapins, et était construite dans un immense jardin d'un hectare, comprenant une vieille tour en ruine, une allée majestueuse de sapins centenaires conduisant à la porte d'entrée, une vaste prairie avec un petit bois dans le fond, terrain idéal de jeux pour des enfants.
A peu près jusqu'à mon adolescence, toute la famille se retrouvait dans ce chalet pour des weekends ou pour les vacances de Noël et de Pâques.
C'était l'occasion pour ma sœur, mon frère et moi-même de retrouver mes cousins et de vivre des moments merveilleux de connivence de partage de "secrets", d'alliances changeantes avec les uns ou les autres, en fonction des affinités ou des mésententes du moments!
De plus, pour nous, petits citadins habitués au confort et à la facilité, la vie là-bas, beaucoup plus rustique et tellement différente de celle de la ville ajoutait à notre bonheur d'enfants. Nous nous prenions parfois pour des pionniers vivant dans un milieu sauvage et hostile, surtout, quand, la nuit couchés douillettement dans un lit réchauffés par une bouillotte préparée par ma grand-mère, nous entendions le "hou hou" effrayant du grand-duc nichant dans les sapins!
Ce long préambule pour rappeler l'ambiance et la joie que nous éprouvions lors de ces séjours!
Venons-en maintenant à la fête proprement dite.
Toute la semaine précédant Pâques, nous attendions le dimanche avec impatience pour découvrir dans ce grand jardin (lorsque le temps n'était pas à la pluie) les œufs en chocolat et autres friandises apportées et "jetées" par les cloches revenant de Rome! ("Elles y étaient parties au début de la semaine sainte et ne revenaient que le dimanche de Pâques et sonnaient alors à toute volée dans toues les églises du pays.")
Durant la semaine sainte, notre grand-mère cuisaient une grande quantité d'œufs durs que nous colorions et peignons à qui mieux mieux.
Le samedi précédant le grand jour, les enfants du village, montaient jusqu'à la maison en agitant des crécelles et venaient chanter la résurrection prochaine aux gens de la ville que nous étions,"espèce" un peu bizarre pour eux !
Cette coutume persiste toujours dans beaucoup de villages alsaciens, et c'est donc en regardant la télévision et en revoyant cette habitude ancestrale que je me suis rappelée mes fêtes de Pâques de petite fille.
Nous étions une famille de croyants non pratiquants, et la dimension religieuse de la fête était un peu "zappée" chez nous.
Mais les traditions de cadeaux aux enfants et de repas comprenant l'agneau pascal étaient respectées.
Quelle joie donc d'aller se coucher le samedi soir avec l'espoir de trouver des merveilles le lendemain matin. Que de difficultés à trouver le sommeil, et aucun mal à se lever tôt ce jour-là, trop tôt même pour nos parents qui seraient bien restés encore un peu au lit!!
Et puis enfin, avec à la main le panier d'osier remis à chacun par notre grand-mère, nous courions dans tous les sens , fouillions dans tous les buissons, derrière tous les arbres ; et c'était à celui qui trouverait le premier les cachettes, et à celui qui crierait le plus fort pour marquer son étonnement et sa joie.
Que ne gardons-nous , notre âme d'enfant et cet émerveillement provoqué par certaines fêtes! Mais , il faut bien grandir , affronter la vie et ses difficultés. Mais, tout au fond de nous, nous avons encore cette petite étincelle et nous essayons de la retrouver avec nos enfants puis nos petit-enfants, et c'est tant mieux.
Voilà, un petit t qui m'a fait rajeunir de plus de 50 ans. J' ai encore bien d'autres souvenirs enchantés de fêtes que je raconterai plus tard afin que mes enfants et mes petits-enfants puissent découvrir que nous aussi, nous avons été des enfants!
Je parlerai la prochaine fois de la Saint-Nicolas, grande fête des enfants en Belgique et dans l'Est de la France aussi.
Eh bien Jacqueline, c'est merveilleusement raconté et bien imagé. Quel bonheur pour vos enfants et petits enfants, ils ont beaucoup de chance d'avoir une grand-mère qui couche si bien ses souvenirs d'enfance, et par la même occasion fait revivre sa propre grand-mère. Merci pour ce moment de régal.
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