lundi 14 juin 2010

Petit clin d'oeil amical aux Français: Comprendre "le belge".:



En ces temps difficiles pour mon pays natal, j'ai décidé de coucher sur la page virtuelle de mon blog certaines mises au point sur ma langue maternelle, le français.

Cette idée me trotte dans la tête depuis déjà un bon moment .
Avant d'entrer dans le vif du sujet, petit rappel pour ceux qui le connaissent mal, ce pays aussi grand qu'une tête d'épingle,(si on le compare à la Chine!) Il se situe au Nord de l'Europe, et est divisé en trois régions distinctes, et ce malgré sa faible superficie.

En effet, tout le monde le sait maintenant, même nos voisins français toujours assez "nombrilistes", la Belgique est un petit pays trilingue. Il ne faut pas oublier, même si on en parle très peu, que dans l'Est du pays, dans la région appelée "les cantons rédimés" et qui longent la frontière de l'Allemagne, la langue officielle est l'allemand.

Dans le Nord , la région flamande (avec des villes très importante économiquement comme Anvers, ou historiquement comme Bruges et Gand qui fut la capitale de l'empire de Charles Quint!) la langue officielle est le flamand , langue régionale dérivée du Néerlandais parlé en Hollande, pays dont dépendait cette région et dirigée par Guillaume d'Orange.

Dans le Sud, le français est la langue officielle, cette région ayant été une province de France jusque la révolution de 1830 ,année où s'est vraiment formée la Belgique en tant que pays souverain.

L'idée de ce texte m'est venue pour rectifier une erreur largement répandue: celle que le français parlé en Belgique n'est pas le français de France!
Je m'insurge contre cette idée fausse, d'autant plus que certains médias s'en font l'écho.

Par exemple, dans un quiz du journal de l'Internaute, une des questions portait sur la langue parlée en Wallonie.
  • La question était: Qu'est-ce que le français de Belgique?
Trois réponses étaient proposée:
  • une variante régionale du français empreinte de belgicismes.
  • un français qui fait beaucoup rire. (sic)
  • la langue française parlée en Wallonie.
La réponse soi-disant juste était la première proposition.
Je proteste et j'affirme haut et fort que c'est la troisième proposition qui est la bonne.

Bien sûr, comme dans tous les différents pays francophones, des régionalismes sont fréquents et normaux. Tous, tout en parlant la même langue à l'origine, enrichissent celle-ci de mots nouveaux venant de leur vécu, de leur terroir......
C'est ce qui fait d'ailleurs qu'une langue est vivante, elle évolue, emprunte des mots à d'autres, se les approprie, les intègre à la "langue mère" et lui permet de trouver sa place dans ce monde tellement changeant et diversifié.

Je suis donc tout à fait d'accord que le français parlé en Wallonie comprend beaucoup de belgicismes, et dans le chapitre suivant, je vais en citer quelques-uns et les expliciter.

Mais ce qui me met "en rogne", c'est que les Français, toujours très chauvins, se moquent sans arrêt de ces belgicismes, alors que les "canadianismes", ils les trouvent savoureux!
Et c'est toujours avec une légère condescendance qu'ils regardent les Belges.

Dois-je leur rappeler, que la "bible" de la grammaire française (le Bon usage) a été écrite par un Belge, Maurice Grévisse et qu'il reste l'ouvrage de référence de tous les linguistes.!
Dois-je aussi leur dire que la France composée d'une multitude de régions très différentes possède aussi ses régionalismes qui ne sont pas toujours compris partout dans le pays!
Dois-je encore leur dire que chaque région ou ville, aussi bien en France qu'en Belgique parle sa langue avec des accents spécifiques à chaque région!
Et que plutôt que de toujours stigmatiser la paille dans l'œil de leurs voisins, les habitants de la France feraient mieux parfois de regarder la poutre dans le leur!

Voilà, je me sens soulagée: il fallait que je pousse mon petit"coup de gueule" et je l'ai fait. J'espère que les Français ne m'en voudront pas et comprendront qu'il faut parfois savoir rétablir certaines vérités, afin de mieux se comprendre!
Après cela, j'ajoute que j'ai des tas d'amis français, que nous nous entendons très bien, et que j'adore leur pays, et surtout notre langue commune, celle de Voltaire et de Molière.

Passons maintenant à quelques belgicismes afin de les dérider (j'ajoute quand même que certains d'entre eux sont maintenant rentrés définitivement dans le Larousse et font partie intégrante de la langue française). J'en choisis délibérément un petit nombre et j'en donne la traduction "en bon français", car on pourrait écrire des pages sur le sujet!

  • La drache: averse soudain et très forte (comme il pleut souvent et beaucoup en Belgique, on parle même de drache nationale, par exemple, celle qui tombe régulièrement au passage du défilé du 21 juillet!).
  • Le kot (passé maintenant définitivement en français, et qui de plus est un mot que les joueurs de scrabble connaissent bien, car bien placé, il peut rapporter gros!) : chambre meublée louée à un étudiant (en a découlé le verbe koter: habiter dans un kot).
  • Avoir bon: ressentir du plaisir ou avoir donné la bonne réponse.
  • Une cloche: pour cloque ou ampoule en France.
  • Une crolle: une boucle de cheveux (Petite, j'étais tout crollée= j'avais les cheveux très bouclés).
  • Jouette: facétieux, qui aime faire des blagues, rire....
  • Kwistax (ou cuistax) : sorte de kart mû à la force des jambes par un pédalier. Peut-être individuel ou à plusieurs places.
  • Logopède: orthophoniste en France. Curieusement ce mot est français et vient de la racine latine, alors qu'orthophoniste vient de la racine grecque. Ce qui est bizarre c'est que les français parlent de la logopédie mais snobent le logopède!
  • Rester paf: rester à quia, bouche bée, les bras ballants....
  • Faire la queue: en France on fait la file, par exemple au guichet de la poste.
  • Une ramassette: petite pelle en métal ou en plastique pour ramasser les miettes ou les débris.
  • Le renon: en Belgique, on ne résilie pas un bail, on donne son renon.
  • Le torchon: ce qu'en France on appelle serpillère.
  • Tchouler: pleurer, sangloter de manière forte et sonore.
J'arrête là, je pourrais encore vous en donner des dizaines mais cela deviendrait lassant!

Si vous, dans vos pays francophones ou autres régions avez aussi des expressions savoureuses et imagées, parlez m'en dans les commentaires que vous voudrez bien faire à la fin de cet article

C'est tellement enrichissant le contact et l'apprentissage de nouveautés.

J'espère, chers ami(e)s français que vous ne m'en voudrez pas de vous avoir un peu "chambrés".

3 commentaires:

  1. Les mots ont parfois aussi une autre signification en France que chez nous.

    Une tirette : en France, un tiroir, un cordon; chez nous, une fermeture-éclair.

    Un torchon : en France, un essuie-vaisselle; chez nous, le textile servant à nettoyer le sol.

    Barrières Nadar : chevaux de frise.

    D'autres ne me viennent pas à l'esprit maintenant. Je les mentionnerai lorsque je m'en souviendrai.

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  2. Je suis d'accord avec toi Jacqueline, en ce sens qu'on ne devrait pas se moquer des autres, mais c'est pour rire... Tu sais, nous à Marseille, on a comme ça plein d'expressions que personne ne comprend, telles que :

    la pile : l'évier
    le potager : le plan de travail de la cuisine
    vé ! vois, regarde !
    se poiler : rire aux éclats
    maronner : râler
    pièce à frotter : serpillère
    se débarbouiller : se laver
    et j'en passe je ne les ai pas toutes en tête, prise à froid, mais lorsque je m'en souviendrais, j'en ferais un petit répertoire...

    Quant aux blagues sur les marseillais, elles valent celles des belges... et on en rit

    et dans le langage courant tunisien :
    le torchon est en fait la serviette hygiénique en tissu qui a été remplacé par : lilas

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  3. Bien sûr , toutes les langues ont leurs régionalismes, c'est d'ailleurs ce qui fait leur richesse! et celle des autres aussi.
    Et je crois avoir un grand sens de l'humour vis de moi-même et des autres, mais je voulais juste "rappeler à certaines personnes qu'aucune langue n'est parfaite" et que la plaisanterie a parfois ses limites.

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